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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/24

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L’ABBÉ

laisser plus long-tems Aminte dans les inquiétudes dont il la voyoit accablée, et dont il se pouvoit soulager en lui découvrant l’état de son ame. J’avouë Madame, lui dit-il, en se jettant à ses genoux, que je suis le plus criminel des hommes de n’avoir pû vous cacher ma foiblesse, et de vous avoir déplû par cet endroit ; mais je suis si peu maître de moi sur une chose qui me touche de si près, que je ne m’étonne pas comment vous avez découvert ce que j’avois résolu de vous cacher toute la vie. Aminte que ce discours embarrassa beaucoup, ne sachant encore où son Epoux la vouloit mener, le releva précipitamment, et l’obligea, après l’avoir fait asseoir près d’elle, à s’expliquer avec plus de netteté. Je vous aime Madame, lui dit-il, à un point que le Ciel et la Terre peuvent être les témoins, du plus parfait amour dont un homme puisse être jamais capable ; mais en même temps, quoi que je sois convaincu que vous répondez avec beaucoup de bonté à toutes mes ardeurs, cependant une réflexion me tuë, Madame, vous êtes belle, tendre et