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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/29

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EN BELLE HUMEUR

le dernier des supplices ; car il faut que vous sachiez, Madame, puisque vous m’obligez à vous tout découvrir, aussi ne puis-je vivre plus long-tems dans une si cruelle situation, il faut dis-je vous apprendre que la passion qui régne ordinairement le plus sur les hommes de mon âge, qui se sont laissez surprendre, comme j’ai fait en vous épousant, à des appas si doux et si pleins de charmes ; cette passion, dis-je, Madame, a fait un ravage si surprenant dans mon esprit, que je l’ai, je vous jure, tout troublé. Je suis jaloux, Madame, mais jaloux à un tel point, que la fureur dont souvent je me suis senti agité en vôtre présence, m’a presque porté à égorger à vos yeux l’objet qui est cause de mon ressentiment.

Ormon prononça ces derniéres paroles d’un ton si haut et si terrible, ayant les yeux étincellans et si pleins de rage, que l’action menaçante dont il les avoit proférés, fit frémir d’horreur et d’effroi cette pauvre Epouse, qui crût dans ce moment voir son cher Nico percé de mille coups par son Mari, qui avoit découvert, comme elle se