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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/31

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EN BELLE HUMEUR

mença-t-elle à dire à Ormon, d’un air aussi doux que le sien lui avoit paru sévére et épouvantable, qui vous a troublé l’esprit de la sorte, pour attaquer, comme vous faites avec tant de chaleur, la vertu et la fidélité inviolable que je vous ai promise jusqu’au dernier moment de ma vie. Je ne vois personne au monde, et vous êtes jaloux ; comment faut-il que je vive ? Dites-le-moi, je vous en prie ; je vous ay sacrifié sans aucune crainte les plus beaux de mes jours, et vous m’accusez, Monsieur, d’avoir d’indignes engagemens avec un autre homme que vous.

Ils sont indignes, vous l’avez dit, Madame, ces engagemens d’une belle personne comme vous, et j’aimerois mieux vous voir une femme publique et abandonnée au premier venu, que d’être persuadé comme je suis, que vous êtes sensible aux caresses du plus laid Animal qui soit sur la terre. Un Singe, Madame, fait vos ardeurs, et moi sur la fin de ma vie, je me vois exposé à la risée du public, et l’objet de vos mépris, par la préférence que vous faites d’une bête à vôtre Mari.