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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/32

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L’ABBÉ

Vous me jettez, Monsieur, s’écria Aminte, dans la derniére surprise. Quoi ? mon Singe, ce vilain magot, que je caresse par un amusement innocent, comme toutes les autres femmes qui ont reçû comme moi de pareils présens, et qui n’y entendent pas plus de finesse que j’y en trouve, quoi ? vous avez la simplicité, Monsieur, de croire que j’aime cette bête plus que vous ; il y a là dedans une foiblesse qui me passe : un homme aussi pénétrant, aussi éclairé que vous, peut-il ainsi se laisser surprendre, et me rendre si peu de justice.

Oui, Madame, je vous en rends si peu, reprit Ormon, qu’il n’est pas possible que vous m’ôtiez de la tête que vôtre Singe ne vous fasse pas plus de plaisir que moi. Il est toûjours à vos côtés ou sur vos genoux ; il n’est point de caresses dont vous ne l’accabliez durant le jour : les nuits, Madame, il les passe avec vous lors que je n’y suis pas, ce qui arrive très souvent, et je ne me persuade que trop pour mon malheur, qu’il a autant de liberté avec vous que moi, et que rien ne vous