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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/51

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EN BELLE HUMEUR

me direz aussi quelques-unes de vos bonnes fortunes du tems passé. Ormon promit tout ce qu’on voulut ; et l’Abbé commença l’entretien dans ces termes.

Il y a environ deux mois que j’étois à jouër chez Mr. André, lequel, comme vous sçavez, a rendu sa charge, pressé par ses Créanciers qui le vouloient faire périr, et a trouvé en dépit d’eux le secret de vivre sans aucun fonds ni revenus, en faisant chez lui une Académie, où tous les honnêtes gens sont bien reçûs à toutes sortes de jeux, en laissant quelqu’argent pour les cartes, et s’est fait par cette industrie un profit certain de plus de six mille livres par année, dont il fait bonne chére, et entretient une très-jolie personne qui ne lui est pas fort fidelle ; on la nomme Angelique, elle est très enjoüée ; c’est une brune des plus piquantes, qui sçait parfaitement l’art de plaire, qui aime qu’on lui en conte ; elle n’est même point cruelle, pourvû qu’on fasse une dépence raisonnable auprès d’elle. Chacun la connoît sur ce pied, et lors qu’on en a besoin, il n’y a qu’à s’y