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Page:Macé - L’Abbé en belle humeur, 1881.djvu/96

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L’ABBÉ

nos marchands et leurs femmes donnérent la maison au diable, et protestérent tous hautement, qu’ils périroient plutôt que d’y rentrer jamais. Le maître de la maison et sa femme étant montés, crurent que ces Messieurs et ces Dames ayant eu quelque différent au jeu, s’étoient piqués de paroles, et en étoient venus aux mains, comme c’étoient de leurs bonnes pratiques, et qu’ils faisoient chez eux bien de la dépense, quand ils alloient ou revenoient de la Foire de Guibrai, de peur de les perdre ils les traitérent avec assez de douceur et d’honnêtetés ; (ce qui est fort rare dans les hôtelleries, où l’on trouve ordinairement que des bruteaux), et les priérent en se retirant de peur de les incommoder, de se coucher sans bruit, sans vouloir entrer dans leurs différens. La servante étant sortie, et considérant tous, que la nuit seroit aussi longue à passer pour des femmes qui ne sont pas accoûtumées à de pareilles fatigues, ils jugérent à propos de se remettre au lit, où Armant leur donna quartier pour cette fois.