Aller au contenu

Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172

Quelle est la véritable signification de ces chiffres ? C’est qu’il y a dès à présent autour de nous de 6 à 700 ouvriers ou artisans qui, au sortir de l’atelier où ils ont travaillé douze heures, divisées par une heure de repos, s’en vont chaque soir, après avoir pris à la hâte leur repas, volontairement et sans autre mobile que le désir de s’instruire, prendre place sur les bancs de l’école !

Et notez que dans le nombre se trouvent des ouvriers des villages voisins !

En quittant le cours à 9 heures du soir, ils ont à faire, par tous les temps, 4 ou 5 kilomètres pour rentrer chez eux, et la même course les attend le lendemain matin pour retourner à l’atelier.

Il y a là, en apparence, une chose fort simple.

Mais qu’on y réfléchisse un peu attentivement et surtout que par la pensée on se mette un instant à la place de ceux dont nous ne craignons pas de faire ouvertement et hautement l’éloge, et l’on reconnaîtra que l’on est au contraire en présence d’un fait d’une immense portée !

Ce n’est certes pas sans une certaine fierté que Mulhouse montre ses cités ouvrières, ses écoles et ses nombreuses institutions en faveur des classes ouvrières ; mais je me tromperais grandement si désormais, parmi les créations qui lui font le plus d’honneur, ne se trouvaient ces cours du soir où, réunis, organisés en groupes de 40 à 50 personnes, des artisans, des ouvriers, des apprentis, des employés de dix-huit à quarante ans viennent de leur seul gré clore par l’étude une journée déjà bien remplie !

Il faut avoir vu ces physionomies, la plupart si