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Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/18

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tion du mot. La charité pour l’âme ne doit pas nous être moins sacrée que la charité pour le corps, et les âmes qui ne se sont pas éveillées à la vie, faute d’aliments, nous accusent aussi sévèrement là-haut que les corps qui meurent d’inanition.

Même en ramenant la question à des proportions purement humaines, c’est encore un devoir sacré.

Et d’abord, qu’on en accepte ou non le principe, la solidarité entre tous les membres d’une société est un fait qu’il n’est pas permis de nier. L’ignorance du voisin est un danger qu’on devrait conjurer, ne fût-ce que par égoïsme, comme on va au secours de sa maison quand elle brûle, car ses conséquences peuvent nous atteindre. Je crois inutile de les relever ici, ces conséquences fatales de l’ignorance, elles ne sont que trop connues. Les âmes dormantes et les eaux qui croupissent sont également du domaine de la salubrité publique.

Mais ce n’est pas ce devoir d’égoïsme qui mérite d’être nommé sacré. Il y en a un autre, il y a le devoir envers la patrie qu’il est devenu difficile de méconnaître en France depuis l’établissement du suffrage universel ; aussi bien tout le monde est-il d’accord sur ce point là. Le suffrage est à la fois un droit et une fonction. Le droit, qui prime tout, a reçu satisfaction le premier. Je ne sais pas si c’était dans l’ordre, mais c’est arrivé : tout est dit. Reste maintenant la fonction à laquelle il s’agit de pourvoir après coup, puisqu’on n’a pas eu le bon esprit de s’en occuper suffisamment d’avance, alors qu’on devait sentir approcher l’avènement du droit.

Ce n’est plus l’heure d’ouvrir une enquête de com-