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Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/19

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modo et incommodo, la chose est faite. Se lamente qui voudra, il ne reste plus rien d’utile à faire, que d’élever au niveau de la fonction ceux auxquels on ne peut plus l’arracher. C’est une question de vie ou de mort pour la patrie, dont il faut s’occuper avant tout, et devant laquelle je ne vois rien qui ne pâlisse aujourd’hui. Et s’il faut dire ici le fond de ma pensée, je ne suis pas bien sûr que la fonction ait été si fort en souffrance jusqu’à présent, au point de vue de la patrie. Les choses étant ce qu’elles étaient, l’instinct du peuple l’a mieux servi peut-être que ne se le figurent beaucoup de ceux qui se croient plus forts que lui. Mais c’est triste pour un peuple d’en être réduit, pour se guider, à l’instinct. Il faut laisser aux animaux ce moteur aveugle et sourd, destructeur né de toute liberté. Ce qui doit diriger l’homme, s’il veut rester digne de son nom d’homme, c’est la libre intelligence, et ceux qui réclament à cette heure la liberté doivent bien se hâter de faire monter le peuple à l’intelligence. Nous ne pouvons plus être libres les uns sans les autres.

Je demande bien pardon à M. Bretegnier d’avoir laissé s’introduire, presque malgré moi, dans l’appréciation de son œuvre un ordre de considérations tout en dehors du but qu’il s’est posé. Le côté politique de la question des Bibliothèques populaires est grand sans doute, mais le côté religieux est plus grand encore, plus grand de toute la hauteur d’où la grande patrie plane sur la petite. Ce n’est pas ici un citoyen qui travaille pour son pays, c’est quelque chose de plus respectable encore, un pasteur qui pense à Dieu, et qui appelle à lui tous les hommes de bonne volonté.