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Page:Macé - Morale en action, 1865.djvu/23

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Quel terrain plus large, plus avouable, d’un intérêt plus pressant et plus général, saurions-nous rencontrer pour nous faire la main, si je puis m’exprimer ainsi ? Là, tous les cultes, toutes les opinions, toutes les positions sociales peuvent fraterniser sans arrière-pensée dans la poursuite d’un but commun, admirablement formulé par le Suédois Siljestrœm dans ces paroles qui devraient être inscrites en lettres d’or sur le mur de toutes les bibliothèques populaires : La question importante est celle-ci : Comment les citoyens peuvent-ils, en nombre aussi grand que possible, être rendus des êtres pensants ?

Sans doute dans ce pays, façonné comme il l’est à l’impulsion centrale, l’initiative individuelle sera pour longtemps encore impuissante à tout faire, et je n’oserais pas espérer qu’elle arrive, pour son coup d’essai, à la réalisation intégrale de cette donnée, si modeste en apparence : L’établissement d’une bibliothèque partout où il y a école primaire.

Elle peut commencer du moins, et ses premiers essais auront plus d’efficacité pour triompher « des difficultés politiques, administratives, financières, » que toutes les objurgations les plus acrimonieuses, parce qu’ils témoigneront d’un besoin sérieux des populations, devant lequel « les combinaisons de la spéculation privée » seront bien forcées de baisser pavillon. Un gouvernement assis sur le suffrage universel sera toujours obligé d’agir quand il sentira l’opinion remuer sous lui, et moins hostile aura été le mouvement, plus prompt sera l’accomplissement du vœu national.

Jean Macé.