Aller au contenu

Page:Mac-Nab - Nouvelles Chansons du Chat noir, Heugel.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ponts avec Goudeau, Jules Jouy, Alphonse Allais, Le Mouël, Icres, Charles Cros ; et à peine eut-il fait son apparition sur le petit théâtre de la rue Victor-Massé que le Tout-Paris boulevardier monta au Chat Noir pour l’entendre.

On allait écouter Mac-Nab, Jouy, Meusy à la sortie des théâtres, comme on aurait été voir Daubray ou Christian. Il ne se donnait pas une fête dans un cercle parisien sans que Mac-Nab fût au programme. On se l’arrachait pour les soirées.

Et qu’on songe que ce n’est qu’après un labeur quotidien de douze et quelquefois de quinze heures qu’il commençait à s’appartenir ! Et pour lui, s’appartenir, c’était se prodiguer : cette vie l’épuisa rapidement.

Peut-être aussi abusa-t-on un peu de son inépuisable complaisance ; il ne savait pas refuser un service.

Ce concours qu’il apportait au Chat Noir fut toujours rigoureusement désintéressé ; il arriva un moment où, de purement bénévole, il devint indispensable, car les séances d’ombres chinoises sans les chansons de Mac-Nab perdaient beaucoup de leur saveur, et ce moment coïncida justement avec les débuts de la terrible maladie qui devait l’enlever.

On le prenait par les sentiments, et lui, par bonté d’âme, cédant aux sollicitations indiscrètes, quittait contre toute prudence le lit où il grelottait la fièvre, et, toussotant, courbaturé, il venait chanter la chanson demandée.

Il cessa dès lors de produire de nouvelles chansons ; mais en partant pour Cannes, il en laissait une, le Pendu, qui est un véritable petit chef-d’œuvre. Mac-Nab, absent, ne fut pas oublié, et des camarades dévoués, M. Valbel au Chat Noir, M. Brébant, dans les salons parisiens, conservèrent à son œuvre toute sa popularité.

À Cannes, son état ne fit que s’aggraver ; car, comme il l’écrivait lui-même, pour se soigner dans le Midi, il faudrait avoir des rentes, et les bureaux de poste sont mortels sous toutes les latitudes. Il remplit ses fonctions jusqu’au bout ; mais si ce n’était pas encore le grand air et la liberté qu’il avait rêvés toute sa vie, c’étaient du moins le soleil, son vieux camarade, comme il l’appelait, et les fleurs inspiratrices de ses derniers vers. Les journaux de Cannes publièrent sa