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UNE TACHE !

À M. Truffier.


Vous savez… je me marie !… (Il déploie un journal et montre du doigt la dernière page…)

Demoiselle jolie, honorable, vingt-deux ans, deux cent mille francs…, tache.

Ah ! par exemple, il y a une tache.

Je vous assure que quand j’ai vu ce mot tache, ça m’a refroidi !

Il y a tant de sortes de taches. Je me disais : Est-ce une tache de vin, une tache d’huile ou une tache de famille ?

Dans le doute je ne m’abstiens pas, moi, j’ai passé par-dessus la tache… et j’ai demandé la demoiselle honorable, jolie, vingt-deux ans, deux cent mille francs !

Quant à la tache, ma belle-mère m’a confié la chose dans le tuyau de l’oreille.

Il n’y a que moi qui suis dans le secret ; la pauvre enfant elle-même ne connaît pas toute l’étendue de son malheur : elle n’a jamais vu sa tache ! Vous allez savoir pourquoi.

Au fait, je puis bien vous le dire, cela n’a rien de déshonorant : il s’agit tout simplement d’une brûlure !