Toi, tu me jettes dans un coin !
Ce n’est pas la peine de faire tant la mijaurée !
Voyez-vous, Mademoiselle qui ne veut plus de sa belle poupée, et qui la laisse en chemise, les jambes en l’air, par le froid qu’il fait !
Et le chat qui m’arrache les cheveux tout le temps ! Tu le laisses faire !
Malheureuses que nous sommes !
On nous laisse tomber, on marche sur nous, on nous fait des moustaches avec de l’encre, on nous ouvre le ventre pour voir ce qu’il y a dedans !
Est-ce que tu as assez de moi ?
On le dit alors !
Pourtant je vaux bien ton polichinelle !
Il est beau, celui-là, avec ses deux bosses !
Il ne sait seulement pas dire papa et maman !
Il ne roule pas les yeux, il n’est pas articulé, il n’est pas incassable !
Moi, je suis incassable ; heureusement, mon Dieu !…
Oh ! je te vois bien, va ! Tu fais la précieuse devant ton armoire à glace !
Avec tes nattes toutes défaites, et ta collerette de travers, et ton soulier mal attaché !
Désordonnée ! tu ferais mieux de me mettre dans mon petit fauteuil, et puis de me servir la dînette, ou bien de m’apprendre à lire.
D’abord, je veux une belle robe et un beau chapeau pour faire mes visites, avec une grande plume ! Na ! Sans quoi… tu sais, je vois tout, moi !