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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

bouteilles, de peignes, de brosses et de morceaux de bougie. Quelques vêtements et une casquette galonnée d’or étaient accrochés au mur, à des portemanteaux en fonte comme on en voit dans les cafés.

― Asseyez-vous sur lé lit, dit le capitaine Heresa, vous sérez très bien, c’est comme un divan.

― Voyons, fit Eliasar avec bonhomie. Voulez-vous reprendre la mer ? En qualité de capitaine, naturellement.

― Virgen del Carmen ! Pour embarquer ?

― Bien entendu. Ne faites pas le difficile. Votre bistro vous coûte de l’argent et vous savez aussi bien que moi qu’il n’y a rien à faire pour le relever. J’ai une excellente combinaison à vous offrir au nom d’un ami qui se propose d’armer un bâtiment quelconque pour aller chercher fortune quelque part, je crois dans les Antilles. Il lui faut un capitaine et un équipage. J’ai pensé à vous.

― C’est qué, dit Joaquin Heresa, c’est qué, comment vous expliquer céla, cé n’est pas toujours drôle dé prendre la mer avec ces sacrés sous-marins. Il y a des risques.

― On paie bien, répondit Eliasar.

― Jé né dis pas non, combien ?

― Un billet, mille francs par mois. L’expédition durera peut-être trois mois.

― C’est sérieux ?