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LA CÔTE

Moëlan, et la collerette blanche des dames de Quimperlé.

― Mon pauvre monsieur Krühl, ma doué ! Adrienne va vous faire chauffer un grog.

― Parfaitement, déclara M. Krühl. Elle va me faire chauffer un grog avec du tafia. Ça lui ira mieux au teint que de rester là à me contempler avec des yeux comme des melons d’eau.

― Ma doué !

La jeune Bretonne s’engouffra dans la cuisine et M. Krühl, ayant accroché son imperméable à un clou, allongea ses jambes, revêtues de gros bas de laine, dans la direction des quelques bûches qui achevaient de se consumer.

C’était un fort gaillard d’une cinquantaine d’années. Ses cheveux grisonnaient aux tempes. Il rasait sa barbe et sa moustache. Son cou énorme se mouvait à l’aise dans le col d’un chandail de laine d’un vert délicat.

Il était vêtu en homme de sport, en joueur de golf ou en peintre futuriste ; il portait sur sa tête imposante une casquette de lainage verdâtre. Ses souliers de chasse valaient, étant donnée l’époque, une centaine de francs et ce détail enthousiasmait Mme  Plœdac qui en avait conçu de la vanité.

― Bouh ! bouh ! peuh ! souffla M. Krühl en cherchant sa pipe. Et ce grog, oh gast !

Adrienne, portant le liquide, s’empressa.

― Merci, Robert, dit M. Krühl.