Page:Mac Orlan - Le Chant de l’équipage.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

― Oh ! gast ! attends, va !

L’interjection et le conseil s’adressaient au porc exalté, qui se tint coi.

Alors une voix nasillarde pleura derrière le petit comptoir que l’on apercevait vaguement derrière une grande table encombrée de bouteilles vides.

― Adrienne, avez-vous donné à manger au chat ? Quel temps, ma doué ! et M. Krühl qui n’est pas rentré.

― Oui, M’dame ! Certainement, M’dame, fit Adrienne.

― Et quand il va rentrer avec ses vêtements mouillés, gémit l’autre femme, il pourrira encore le plancher de la chambre. L’entendez-vous, Adrienne ?

― Oui, M’dame. J’entends son pas.

En effet, de gros souliers entraient en lutte avec les cailloux de la côte. Quelques injures adressées aux auteurs responsables de cette mise en scène indiquèrent nettement que celui qu’on attendait ne tarderait pas à sortir du mystère.

Subitement, après avoir posé sans hésitation un pied dans une flaque d’eau profonde, M. Krühl soufflant et de fort mauvaise humeur, pénétra dans la grande salle de l’hôtel Plœdac dont Adrienne, la servante, se hâta de fermer la porte.

― Vous appelez ça un temps, dit-il en s’adressant à la vieille femme qui portait la coiffe de