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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

conditions, voilà tout ; vous regrettez les grands paquebots et leur confort.

― C’est pourtant là qu’est le danger, s’écria Heresa.

Il fallut encore quelques jours pour achever l’arrimage que le lieutenant Gornedouin dirigea avec une rare compétence. Sous sa surveillance, on embarqua des vivres, des outils, des articles de Paris (une idée de Krühl). Le petit bâtiment, bien pourvu de vivres et de munitions, pouvait tenir la mer longtemps et envisager, sans les craindre, les plus fâcheuses infortunes qu’un voilier puisse redouter.

― Nous naviguons sous pavillon français ? demanda Eliasar.

― Naturellement, répondit Krühl.

― Si vous n’avez plus rien à faire, dit le capitaine Heresa, nous partirons demain dans la matinée, vers dix heures.

― C’est entendu.

Chacun se dispersa pour régler des affaires personnelles. On devait se retrouver devant une table préparée selon les désirs de Krühl qui voulait boire dignement au succès de l’entreprise.

Eliasar et le capitaine arrivèrent les premiers au rendez-vous. Ils s’attablèrent en attendant le Hollandais.

― Alors, dit Eliasar, rompant le premier le silence, l’Ange-du-Nord vaut quelque chose ?