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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

pas, doit ressembler un peu à celle que j’ai dessinée pour le fameux document. À propos, en avez-vous une épreuve sur vous ?

― Ouais, j’ai une épreuve. Jé la régarde tous les jours. Notez bien, mon cher ami, que toutes les îles sé ressemblent, quand on les regarde dé loin. Sentez-vous la terre ? Purisima !

Eliasar dilata ses narines.

― C’est le ciel de Caracas, là-bas, à l’horizon. Krühl va devenir fou. Il ira voir les belles filles, pendant ce temps-là je préparerai mon plan d’attaque.

― Vous savez qu’il doit achéter des perles fines à Caracas. Jé dois lé mettre en rélation avec un lapidaire hollandais qué jé connais dépuis très longtemps.

― Oui, je sais cela. Il possède, d’ailleurs, sur lui, des diamants taillés pour plusieurs centaines de mille francs, un véritable trésor.

― Le véritable trésor, répondit le capitaine en éclatant d’un rire sonore qui fit sursauter le timonier penché sur la roue du gouvernail.

Eliasar daigna sourire.

― Quand nous aurons débarqué à Caracas, je vous inviterai à dîner quelque part dans un bouge, un palace, où vous voudrez. La condition essentielle est de trouver un coin où nous puissions causer librement. Vous pensez que la pièce doit être montée et sue dans la perfection par tous les acteurs. Il ne faut pas de panne dans