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Page:Mac Orlan - Le Chant de l’équipage.djvu/167

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C’EST LE VENT DE LA MER

Il tira son pistolet automatique, le montra à Eliasar et le remit dans sa poche.

― J’ai connu des matélots, qui n’étaient pas raisonnables, alors, sur mer, c’est mon droit, jé n’ai pas hésité à leur ôter toute envie dé récommencer leurs sottises.

Des acclamations assourdies par le panneau refermé parvinrent aux oreilles d’Eliasar et du capitaine.

― Va-t-on les laisser gueuler ainsi ?

― J’aimé tout autant. Jé préfère né pas sévir en cé moment, plus tard (il baissa la voix), quand l’autré né séra plus là…

― Que ferez-vous ? Comment expliquerez-vous la disparition de…

― Croyez-vous donc, mon petit Samouel, qué nous reviendrons en France, pour danser la gavotte avec la belle Marie-Anne ?

― C’est-à-dire…

― Il faut être indulgent pour les hommes dé l’équipage. Sans être au courant dé notre affaire, ils ont l’habitude dé ces pétites expéditions. Jé suis certains dé leur discrétion car tous ces jeunes gens ont eu, par ci, par là, des démêlés avec la justice. Ce sont dé bons garçons, jé vous l’ai dit, mais on doit les prendre comme la nature les a créés… voilà tout.

― Est-ce que vous les laisserez débarquer à Caracas ?

― Virgen del Carmen ! Naturellement, par