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CHITA

Les matelots, appuyés contre les bastingages, l’applaudirent et dès ce jour chacun d’eux fut aux petits soins pour elle.

― Quelle fille ! s’écriait Krühl avec admiration.

Eliasar intéressé applaudit lui aussi du bout des doigts et lorsque Chita tourbillonnante, lasse et la poitrine palpitante, vint s’abattre aux pieds de Krühl, il lui offrit gentiment une orange pressée dans un verre d’eau fraîche.

― Au lit ! commanda Krühl.

Chita se leva et sans tourner la tête descendit dans la cabine qu’elle partageait avec son maître.

― Hein ? c’est dressé ! fit le Hollandais en regardant ses compagnons.

― C’est ainsi qué l’on doit parler aux femmes, pour obténir la tranquillité, approuva le capitaine.

Gornedouin, admiratif, hochait la tête avec approbation.

La chaleur étouffante d’une nuit menaçante pesait sur l’Ange-du-Nord.

À l’inquiétude de Krühl se joignait cette fois celle du capitaine pour d’autres motifs.

― Nous allons prendre quelqué chose tout à l’heure, et cé né séra pas pour rire.

Les matelots, les poings aux hanches, examinaient le ciel et se communiquaient leurs impressions en termes brefs.

Bébé-Salé, ayant repris son accordéon, des-