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XVII

LES MAÎTRES DE L’ÎLE


Le premier mouvement de Krühl fut d’épauler sa carabine.

Eliasar arrêta son geste.

Peter Lâffe à droite, Conrad à gauche commencèrent un mouvement enveloppant dans le but de déborder l’ennemi. Heresa, Eliasar et Krühl marchèrent résolument vers la pierre plate où la créature se chauffait béatement au soleil.

Soudain, l’indéfinissable forme ayant aperçu la silhouette de Conrad qui se profilait sur le ciel, leva deux moignons, jeta un cri déchirant et se hâta en se traînant sur le ventre avec une prodigieuse vélocité, vers un trou noir qui servait d’entrée à une caverne qui s’enfonçait sous les roches.

En deux bonds, Joseph Krühl fut sur la « chose » sans nom, qu’il immobilisa sans effort avec la crosse de son fusil. Il recula de dégoût : « C’est un homme ! » s’écria-t-il.

C’était un homme, un nègre abominablement