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LE TRÉSOR

sa route le corps du nègre qu’il avait tué. Le ciel, saturé de lumière aveuglante, recouvrait le paysage comme une calotte de métal chauffé à blanc. La figure de Krühl, ruisselante de sueur, semblait un morceau de viande de boucherie. Il s’épongeait le front, reniflait et s’arrêtait fréquemment pour reprendre haleine.

La caverne dépassée, quand elle ne fut plus au sommet de la colline qu’un petit tas de pierres rouges, Krühl se dirigea à la boussole à travers un plateau recouvert d’une herbe grasse, surplombant un ravin sauvage, aussi étroit que le lit d’un torrent desséché.

― Pas une goutte d’eau ! grommela le Hollandais. Il prit sa gourde, but une copieuse rasade et regarda sa carte. Puis se retournant vers Eliasar et Heresa et leur mettant l’épreuve photographique sous le nez, il glapit : « Bouh, bouh, peuh ! Voulez-vous me dire, nom de Dieu ! voulez-vous me dire où se trouve cette forêt, celle qui est là, là, marquée sur la carte ! »

Eliasar regarda la carte. « Il me semble… Ne nous impatientons pas… Cette forêt… »

Krühl ricana : « Cette forêt doit se trouver probablement dans le coin le plus secret de votre étincelante imagination.

― Bon Dieu ! hurla presque Eliasar, blême de colère… Ça crève les yeux, ce torrent est le lit desséché de la rivière indiquée sur la carte. Vous êtes bon, vous, avec vos boniments à la