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LA MISE AU POINT DE L’AVENTURE

― J’ai pensé à tout, répondit Krühl, et je crains même de rencontrer de grosses difficultés particulièrement dans le recrutement de mon équipage. Voilà le point faible.

Eliasar, les mains dans la ceinture de cuir tressé qui maintenait son pantalon, se promenait de long en large en méditant les paroles de Joseph Krühl.

― Il vous faut un capitaine, un capitaine solide, peu bavard, que vous intéresserez dans l’affaire. J’ai votre homme, ou du moins je connais quelqu’un. Je pense qu’il ne demandera pas mieux que de prendre un commandement dans ces conditions. Vous pouvez placer votre confiance sur ce marin. J’en réponds comme de moi-même.

― Ah ! mon cher, vous êtes un garçon précieux, fin et débrouillard. Je connais les hommes et croyez bien que les compliments que je vous adresse ne sont pas formulés à la légère.

― Attendez, attendez, plaisanta Eliasar, laissez-moi réussir avant de me couvrir de fleurs.

― Vous réussirez, mon vieux toubib.

― Tout d’abord, mon ami — c’est du capitaine Heresa que je veux parler — n’habite pas précisément à côté. Il s’est retiré à Rouen. C’est un Espagnol des plus honorables qui a navigué pour le compte d’un tas d’armateurs et qui connaît toutes les mers du globe comme vous pouvez connaître la Côte. Vous aurez avec vous un vrai