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LE CHANT DE L’ÉQUIPAGE

cette expédition, il faudra armer un bâtiment qui soit votre propriété. Le trésor, si nous le trouvons, ne manquera pas d’être encombrant et plutôt difficile à loger sur un paquebot. Maintenant, je vous préviens loyalement, quant à moi, que je ne possède pas un sou, et cette expédition m’éloigne plutôt de mes occupations familières.

― N’avez-vous pas fait votre médecine ?

― Mon Dieu oui, mais je n’ai pas écrit ma thèse.

― C’est sans importance, je vous prends comme chirurgien à bord. Je vous donnerai cinq cents francs par mois de traitement à compter sur votre part de bénéfices, naturellement.

― Que pensez-vous que puisse coûter cette aventure ? demanda Eliasar en se frottant le nez avec un doigt.

― Franchement, je pense que cette aventure me coûtera plusieurs centaines de mille francs, car je compte sur de gros frais de fouille quand j’aurai découvert l’emplacement. En outre, j’ai besoin de me couvrir en faisant du commerce. Je ne tiens pas à donner l’éveil et à verser dans la caisse d’un État quelconque la majeure partie de mes bénéfices.

― Il faut agir, en effet, avec la plus grande discrétion. Souvenez-vous que le monde est en guerre et que la moindre irrégularité dans notre situation pourrait nous causer de grands préjudices.