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LA MISE AU POINT DE L’AVENTURE

Heresa possède quelque compétence. Si j’ai bonne mémoire, il a dû naviguer longtemps pour une société chargée de repêcher les épaves et leur cargaison.

― C’est parfait. Vous irez donc à Rouen dès demain. Vous ferez l’impossible pour décider M. Heresa ; vous le ramènerez, n’est-ce pas ? Quant à moi, je profiterai de votre absence pour me rendre à Paris, afin de régler quelques affaires. Je compte emporter une forte somme d’argent en billets de banque et surtout en pierres précieuses qui ont cours partout. Il faut prévoir que les changeurs et les banquiers seront plutôt rares dans l’île en question. D’ailleurs, je préfère ne pas me servir de chèques. Les pierres précieuses me paraissent offrir le moyen le moins encombrant pour transporter une grosse somme d’argent. Ce n’est pas votre avis ?

― Je crois que vous avez raison. Votre idée me paraît pratique. Songeons aussi à donner à notre voyage une apparence commerciale. D’ailleurs, nous ne pourrons pas armer un bâtiment quelconque sans donner aux autorités un motif plausible.

― Je songerai à tout cela. Je négocierai une affaire de papier qui nous mettra dans une situation régulière vis-à-vis des autorités de France et d’Amérique.

― Alors je partirai demain, fit Eliasar.

Krühl ouvrit le tiroir de son bureau, sortit une