lecteur, méditez-la, et si vous ne parvenez à la comprendre, c’est que vous ignorez une des sensations les plus subtiles de ce monde et de notre temps.
Je chassais de temps à autre, ou bien je dormais, ou bien je lisais ; je lisais beaucoup. Parfois encore je restais à ne rien faire, passant d’une idée à une autre, laissant mon imagination vagabonder comme un papillon qui flâne ou qui a faim. Les heures tombaient, une à une, le soleil déclinait, les ombres de la nuit voilaient la montagne et la cité. Personne ne venait me rendre visite : j’avais expressément recommandé qu’on me laissât à moi-même. Un jours, deux jours, une semaine entière passa de la sorte. Cette quiétude devait être suffisante pour me lasser de la Tijuca, et me rendre à mon agitation habituelle. Au bout de sept jours, j’étais parfaitement saturé de solitude. Ma douleur s’apaisait. Mon fusil, mes livres, le spectacle des arbres et du ciel ne me suffisaient plus. La jeunesse bouillait en moi : je voulais vivre. Je fourrai dans ma malle le problème de la vie et de la mort, les hypocondries du poète, mes chemises, mes méditations, mes cravates, et j’allais la