Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/166

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me taisais, elle continua : « Vous avez raison de fuir le ridicule d’un mariage avec moi. » J’allais protester, elle se retira lentement en dévorant ses larmes. Je la rejoignis en jurant mes grands dieux que j’étais obligé de partir, et que je continuais à avoir beaucoup d’affection pour elle. Elle écouta mes froides hyperboles en silence.

— Me crois-tu ? lui dis-je enfin.

— Non, et je trouve que vous faites bien.

Je voulus la retenir, mais elle me lança un regard qui n’était déjà plus de supplication, mais de commandement.

Je descendis, le jour suivant, de la montagne, un peu contristé et pas très satisfait de moi-même. Je me disais, chemin faisant, qu’il était juste d’obéir à mon père, qu’il était convenable d’embrasser la carrière politique…, que la constitution…, que ma fiancée…, que mon cheval…