Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/252

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suivant la mode du temps, ses élégants atours et ses diamants moins brillants que ses yeux… Je la vis et je souffrais que d’autres la vissent aussi. Ensuite je commençai à la dévêtir, à enlever bijoux et soieries, à la dépeigner de mes mains hâtives et lascives, et elle était ainsi, je ne sais si plus belle ou plus simplement naturelle, plus mienne, uniquement mienne.

Le jour suivant, je ne pus me contenir. J’allai de bonne heure chez Virgilia, et la trouvai les yeux rougis de pleurs.

— Que s’est-il passé ? lui demandai-je.

— Tu ne m’aimes pas : jamais tu n’as eu pour moi le moindre amour. Hier, tu paraissais me détester. Si au moins je savais de quoi je me suis rendue coupable. Mais en vérité, je l’ignore. Auras-tu la bonté de m’en informer ?

— T’informer de quoi ? Il ne s’est rien passé.

— Rien passé !… Tu m’as traitée comme un chien.

À ces mots, je lui pris les mains, je les baisai tandis que deux larmes coulaient de ses yeux.

— C’est fini ; c’est passé, lui dis-je.

Je n’eus pas le courage de discuter ; et d’ailleurs, discuter sur quoi ? Était-ce de sa faute si son