Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/254

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elle, je lui saisis les mains, je lui murmurai les noms les plus doux de notre intimité. Je lui fis comprendre le danger qu’elle courait. La crainte la calma.

— C’est impossible, me dit-elle au bout de quelques instants. Je n’abandonnerai pas mon fils. Si je l’emmène, « il » ira me chercher au bout du monde. Impossible. Tue-moi plutôt, ou laisse-moi mourir… Ah ! mon Dieu ! Ah ! mon Dieu !

— Calme-toi ; on peut nous entendre.

— Qu’on entende si l’on veut !…

Elle était encore trop excitée. Je la priai de me pardonner, de ne plus se souvenir de ce qui s’était passé. Je lui dis que j’étais fou, mais que ma folie venait d’elle et ne finirait qu’avec elle. Virgilia essuya ses yeux et me tendit la main. Quelques minutes plus tard, nous en revînmes à l’idée de la maison solitaire dans quelque rue discrète.