Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/293

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— Je ne saurais refuser ce que l’on me demande. Il y va de notre avenir, de ton blason, mon amour, car j’ai juré que tu seras marquise, et tu n’es même pas baronne. Tu diras que je suis ambitieux ; et je le suis en effet. Mais il ne pas couper les ailes à mon ambition.

Virgilia savait que faire. Le lendemain, je la trouvai qui m’attendait toute triste dans notre maison de la Gamboa. Elle avait tout dit à Dona Placida, et celle-ci cherchait à la consoler comme elle pouvait. Je n’étais pas moins abattu.

— Tu nous accompagneras, me dit Virgilia.

— Es-tu folle ? tu n’y penses pas !

— Mais alors…

— Il faut renverser ce projet.

— Impossible.

— Il a déjà accepté ?

— Il paraîtrait.

Je me levai, je lançai mon chapeau sur une chaise, et je commençai à marcher de long en large, sans rien trouver. J’avais beau m’efforcer, aucune solution ne se présentait à mon esprit. Enfin je m’approchai de Virgilia, qui était assise, et je lui pris la main. Dona Placida s’en alla à la fenêtre.