Page:Machado de Assis - Mémoires posthumes de Bras Cubas.djvu/34

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des informations du dehors : elle contait avec esprit, assaisonnant ses discours d’un peu de médisance, ce sel de la conversation. Et sur le point de quitter le monde, j’éprouvais un plaisir satanique à me moquer de lui, à me convaincre que je perdais bien peu de choses en vérité.

— Quelle idée ! interrompit Virgilia, en grossissant la voix. Si vous continuez, je ne reviendrai plus. Mourir ! naturellement, nous sommes tous mortels. Il suffit d’être en vie.

Et regardant sa montre :

— Mon Dieu ! déjà trois heures. Je file.

— Déjà ?

— Oui ; je reviendrai demain ou après-demain.

— Je ne sais trop que vous conseiller. Votre malade est un vieux garçon, et il n’y a aucune femme chez lui.

— Et votre sœur ?

— Elle ne pourra venir qu’à partir de samedi.

Virgilia réfléchit un instant. Puis elle haussa les épaules, et dit gravement :

— Je suis vieille ! Personne ne remar-