seulement l’écho de quelque morceau que sa mémoire répétait, et qu’il supposait avoir inventé. Alors, irrité, il se levait, jurait d’abandonner l’art, d’aller planter du café, ou guider une charrette ; mais, dix minutes plus tard, il se retrouvait au piano, les yeux fixés sur Mozart, et l’imitant au piano.
Deux, trois, quatre heures, il alla dormir : il était fatigué, démoralisé, mort. Il avait à donner des leçons, ce jour-là. Il dormit peu, se leva à sept heures, s’habilla et déjeuna.
— Monsieur veut-il sa canne ou son parapluie ? demanda le nègre, suivant les ordres reçus, car les distractions du maître étaient fréquentes.
— Ma canne.
— Mais l’on dirait qu’il va pleuvoir.
— Il va pleuvoir, répéta Pestana machinalement.
— On dirait, Monsieur, le ciel a des nuages.
Pestana, vague et préoccupé, considérait le nègre.
Soudain :
— Attends un peu.
Il courut à la salle des portraits, ouvrit le piano, s’assit et élargit les mains sur le clavier.