Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/148

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rier jamais. » Je compris qu’un lien de sympathie morale nous attachait l’un à l’autre, avec cette différence que ce qui était en moi une passion spécifique, était en elle une simple élection de caractère. Nous étions deux associés qui entrions dans le commerce de la vie en apportant chacun un capital différent : moi, tout ce que je possédais ; elle, à peine une obole. Je lui répondis dans ce sens ; Je lui déclarai que tels étaient mon obéissance et mon amour, que j’acceptais, mais à contre-cœur, parce que, après ce qui s’était passé entre nous, j’allais me sentir humilié. Je rayai le mot ridicule, que j’avais d’abord écrit, pour échapper à cette situation ; l’autre suffisait.

— Je parie que vous êtes arrivé aussitôt après la lettre. J’aurais agi de même ; car je me trompe fort, ou cette jeune fille mourait d’envie de se marier avec vous.

— Laissez là votre psychologie usuelle ; ce cas est tout particulier.

— Laissez-moi deviner le reste ; le serment est un hameçon mystique ; d’ailleurs vous aviez le pouvoir de l’en relever à votre profit. En tout cas, vous avez couru chez elle.