Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/149

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— Non. J’y allai deux jours après. Dans l’intervalle, elle répondit à ma lettre par un billet affectueux, qu’elle terminait par cette pensée : « Ne parlez pas d’humiliation puisqu’il n’y a pas eu de public. »

Je revins, une et plusieurs fois, et nos relations recommencèrent. Nous ne parlâmes plus de rien ; d’abord il m’en coûta de paraître le même qu’auparavant ; ensuite le démon de l’espérance revint s’établir dans mon cœur ; et, sans rien dire, je pensais qu’un jour, tôt ou tard, elle se marierait avec moi. Ce fut un espoir qui me réhabilita à mes propres yeux, dans la situation où je me trouvais. Il n’était bruit que de notre mariage ; je niais formellement et sans sourire ; elle riait et haussait les épaules. Cette phase de notre vie fut la plus sereine pour moi, à part un court incident, occasionné par l’apparition d’un diplomate autrichien ou de je ne sais quel autre pays, beau garçon, élégant, blond, aux yeux grands et attirants, et qui était noble, par-dessus le marché. Quintilia se montra si aimable à son égard qu’il se crut préféré, et alla de l’avant. Je crois qu’un geste inconscient de ma part, ou un peu de la fine perception