Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/161

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d’un étroit ruban de barbe, courte, rousse et rare, qui courait d’une tempe à l’autre, en passant sous le menton. Il pouvait avoir quarante ans. De temps à autre, il se tournait vers l’étudiant et demandait une information au sujet du blessé, mais il reportait immédiatement son regard sur celui-ci, pendant que l’étudiant lui donnait la réponse. La sensation que le jeune homme éprouvait était à la fois de répulsion et de curiosité. Il était forcé de reconnaître qu’il assistait à un acte de dévouement rare, et si cet acte était désintéressé, comme il paraissait l’être en effet, il n’y avait plus qu’à considérer le cœur humain comme un abîme de mystères.

Fortunato sortit un peu avant une heure ; il revint les jours suivants ; mais la cure fut rapide, et il disparut avant qu’elle fût complète, sans donner son adresse à son obligé. Ce fut l’étudiant qui lui indiqua le nom, la rue et le numéro.

— J’irai le remercier de ses bontés, dès que je pourrai sortir, dit le convalescent.

Six jours après, il courut à Catumby. Fortunato le reçut avec gêne, écouta impatiemment