Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/160

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— Un brave homme, employé de l’Arsenal. Il s’appelle Gouvêa.

— Connais pas…

Le médecin et le commissaire de police arrivèrent sur ces entrefaites. On fit le pansement, et on prit les informations. L’inconnu déclara se nommer Fortunato Gomes da Silveira, rentier, garçon, demeurant à Catumby. La blessure fut reconnue grave. Pendant le pansement, l’étudiant servit d’aide et Fortunato de domestique, tenant la cuvette, la bougie, les linges, sans sourciller, regardant froidement le blessé, qui gémissait sans cesse. Ensuite, il prit le médecin à part, l’accompagna jusqu’au palier, et répéta au commissaire qu’il était prêt à aider aux recherches de la police. Quand tous les deux se furent retirés, il demeura seul avec l’étudiant.

Garcia était fort surpris. Il le regardait, le vit s’asseoir tranquillement, étendre les jambes, mettre les mains dans ses poches, et fixer ses regards sur le blessé. Les yeux étaient clairs, couleur de plomb ; ils se promenaient lentement, et avaient une expression dure, sèche et froide. La face était maigre et pâle, encadrée