Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/184

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Après le premier pansement, Maciel accompagne la jeune fille jusqu’à sa voiture, et accepte la place que la grand’mère lui offre pour le ramener en ville. On se trouvait à Engenho-Velho. Dans la voiture, seulement, Maria Regina s’aperçut que le jeune homme avait la main ensanglantée. L’aïeule demandait à chaque instant si l’état du petit était grave, s’il en réchapperait. Maciel déclara que les blessures étaient légères. Ensuite il narra l’accident ; il s’était arrêté sur le trottoir, en attendant un fiacre, quand il vit le petit traverser la rue, juste devant les chevaux ; il avait compris le péril, et avait essayé de le conjurer ou de l’atténuer.

— Mais vous êtes blessé, dit la vieille.

— Une bagatelle.

La jeune fille renchérit :

— Vous êtes blessé… vous êtes blessé ; on aurait aussi pu vous faire un pansement.

— Ce n’est rien, insista-t-il : une égratignure : j’essuie ça avec le mouchoir.

Il n’eut pas le temps d’en tirer un de sa poche ; Maria Regina lui offrit le sien. Maciel, ému, le prit, mais hésita à le salir. « Allez donc, disait-elle ; » et le voyant ainsi embarrassé, elle