Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/192

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— Oh !

— Ou même en le reconnaissant, corrigea-t-il.

— Ne faites donc pas le méchant, repartit Maria Regina ; vous auriez été capable d’agir comme lui, si vous vous étiez trouvé à sa place.

Miranda sourit sardoniquement. Le rire accentuait la dureté de sa physionomie. Égoïste et méchant, ce Miranda n’avait de bon qu’un seul côté ; au point de vue de l’esprit, il était complet. Maria Regina trouvait en lui le traducteur merveilleux et fidèle d’une quantité d’idées qui se combattaient en elle, vaguement, sans forme ni expression. Il était ingénieux, fin, et même profond, le tout sans pédanterie, sans se perdre dans des taillis, restant au contraire dans la plaine des conversations ordinaires ; tant il est vrai que les choses tirent leur valeur des idées qu’elles nous suggèrent. Tous deux avaient les mêmes goûts artistiques ; Miranda avait fait son droit pour obéir à son père ; sa vocation était la musique.

La grand’mère, prévoyant la sonate, prit ses dispositions pour faire son petit somme. D’ailleurs, elle ne portait pas Miranda dans son