Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/212

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ciel, au son de toutes les cithares, qui unissaient leurs accords en un hymne aux deux émigrés de la création.

… Ayant achevé son récit, le juge tendit son assiette à dona Leonor pour qu’elle y mît plus de dessert, tandis que les autres convives se regardaient bouche bée ; au lieu d’une explication, ils venaient d’entendre une narration énigmatique ou tout au moins sans aucun sens apparent. Dona Leonor fut la première qui parla.

— Je le disais bien que M. Velloso voulait se moquer de nous. Ce n’est pas cela que nous lui demandions, et rien de cela n’est arrivé, n’est-il pas vrai, frère Bento ?

— Monsieur le juge doit le savoir, répondit le carmélite en souriant.

Et le juge, portant à sa bouche sa cuiller à dessert, s’interrompit pour dire :

— À y bien penser, je crois en effet que rien de tout cela n’est arrivé. Mais s’il en était autrement, dona Leonor, nous ne serions pas ici, en train de savourer ce dessert, qui est vraiment un chef-d’œuvre. Est-ce votre ancienne pâtissière d’Itapagipe qui l’a confectionné ?