Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/238

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Viegas, et il a une fille, mademoiselle Jeannette, Tous les ans, c’est la même réunion de parents et d’amis : un feu de joie brille dans la cour, on grille des pommes de terre comme c’est la coutume, et l’on tire la bonne aventure. On soupe, on danse aussi parfois ; on se livre à quelque petit jeu, le tout en famille. Jean Viegas est greffier au tribunal civil.

— Allons, qui commence, à présent. Ce sera dona Felismina. Nous allons savoir si quelqu’un l’aime en secret.

Dona Felismina rit jaune. Elle avait largement passé la quarantaine, ne possédait ni attraits physiques ni fortune, et vivait épiant l’époux sous ses paupières dévotes. En vérité la plaisanterie était cruelle autant qu’elle tombait juste. Dona Felismina était le type de ces créatures indulgentes et douces qui semblent nées pour divertir les autres. Jean Viegas prit les dés, et les lança d’un air d’incrédule complaisance. Numéro dix, s’écrièrent deux voix. Rangel porta ses regards au bas de la page, trouva la phrase qui correspondait au numéro et la lut. Elle disait que oui, qu’il y avait une personne qu’on devait tâcher de découvrir, le dimanche, en