Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/239

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allant à la messe. Autour de la table, on fit des compliments à dona Felismina, qui sourit avec dédain, mais sentit l’espérance se faufiler dans son cœur.

D’autres prirent les dés, et Rangel continua à lire le sort réservé à chacun. Il lisait d’une voix claire. De temps à autre il retirait ses lunettes et les essuyait avec lenteur au coin de son mouchoir de fine toile, peut-être pour en montrer la finesse, peut-être pour en laisser s’exhaler un délicat parfum de bogari. Il affectait des manières nobles, et on l’appelait le diplomate.

— Eh bien, qu’attendez-vous ? monsieur le diplomate.

Rangel tressaillit, il avait oublié de lire une sentence, tant il se distrayait à regarder l’enfilade de jeunes filles qui se trouvaient de l’autre côté de la table. Faisait-il donc la cour à quelqu’une ? c’est ce que nous allons bientôt savoir.

Il était resté garçon, plutôt par la force des circonstances que par vocation. Jeune homme, il courtisait bien les jeunes filles à leurs balcons ; mais, avec le temps, la manie des grandeurs lui était venue, et avait prolongé son célibat jusqu’à quarante et un ans qu’il avait alors. Il