Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/268

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pas arrêté plus de deux minutes chaque fois, et tu serais ici depuis trois quarts d’heure. Pourquoi ris-tu ?

— La seconde fois, c’est ton mari que j’ai rencontré.

Marianna frissonna.

— Tout près d’ici, continua Évariste ; nous avons parlé de toi ; lui d’abord à propos de je ne sais quoi ; et il a trouvé des mots aimables, presque tendres. J’en étais arrivé à croire qu’il me tendait un piège, qu’il voulait capter ma confiance. Enfin, nous nous sommes quittés ; mais je suis resté à épier s’il revenait. Je n’ai vu personne, et voici la cause de mon retard ; voici la cause de mon éternel tourment.

— Te voilà encore avec tes soupçons, interrompit Marianna en souriant, comme elle souriait sur la toile, un instant auparavant. Que veux-tu que je fasse ? Xavier est mon mari ; je ne vais pas le renvoyer, ni le punir, ni le tuer, tout simplement parce que nous nous aimons.

— Je ne te dis pas de le tuer ; mais tu l’aimes, Marianna.

— Je n’aime que toi seul, répondit-elle, évi-