Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/271

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l’homme qu’elle aimait. Son obstination triompha ; le temps apaisa ses parents, et depuis sept ans, elle était mariée. La passion des fiancés s’était prolongée pendant les premiers temps de la vie conjugale. Quand le temps eut fait son œuvre d’apaisement, il leur apporta une mutuelle estime. Leurs cœurs étaient harmoniques, les souvenirs de la lutte poignants et doux. La félicité sereine s’assit à leurs portes comme une sentinelle. Mais la sentinelle se retira bientôt. Elle ne laissa après elle ni le malheur ni l’ennui, mais une figure pâle, sans mouvement, qui souriait à peine et ne rappelait rien.

Ce fut alors qu’Évariste apparut à ses regards et fit sa conquête. Il ne l’enleva à l’amour de personne ; mais pour ce motif même il n’avait rien à voir avec le passé, qui était un mystère d’où pouvaient surgir des remords…

— Des remords ! interrompit-il.

— Tu pourrais supposer que j’en ai. Mais je n’en ai pas et n’en aurai jamais.

— Merci, dit Évariste, après quelques instants de silence. Merci de la confession. Je ne reviendrai plus sur ce chapitre. Tu ne l’aimes pas, c’est