Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/272

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l’essentiel. Que tu es jolie quand tu fais ainsi des serments, quand tu parles de l’avenir. Oui, c’est fini. Me voici ; aime-moi.

— Toi, rien que toi, mon amour.

— Rien que moi, jure encore.

— Par ces yeux, dit-elle en les baisant, par ces lèvres, continua-t-elle en y collant ses lèvres, par ma vie et par la tienne !

Évariste répéta les mêmes formules avec un cérémonial identique. Ensuite, il reprit sa pose première, en face de Marianna. Elle se leva, et à son tour alla s’asseoir à ses pieds, les mains posées sur ses genoux. Ses cheveux en gerbe encadraient si bien son visage qu’il regretta de ne pas être un génie pour léguer au monde le souvenir de ses traits. Il eut beau le lui dire, elle demeura silencieuse, les yeux fixés sur les siens, en suppliante. Et s’inclinant, il plongea ses regards dans ceux de la jeune femme, et ils s’éternisèrent ainsi visage à visage, une, deux, trois heures, jusqu’au moment où quelqu’un vint les tirer de leur extase.

— Veuillez prendre la peine d’entrer.