Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/289

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bliez pas que nous nous trouvions sur le déclin de la Régence, et que l’opinion s’agitait. Nous ne connûmes jamais les opinions de Polycarpe, bien que sûrement il eût son parti pris. Pour nous, le seul mauvais parti qu’il pût prendre, c’était de nous appliquer la férule. Elle était là ; elle pendait au mur, dans l’embrasure de la croisée, à droite, avec ses cinq trous qui semblaient de petits yeux endiablés. Il n’avait qu’à étendre la main, la dépendre et la brandir avec sa brutalité habituelle, et ce n’est pas peu dire. Il se peut bien que les passions politiques l’aient parfois distrait au point de nous éviter quelque correction. Ce jour-là, tout au moins, il me sembla qu’il lisait les journaux avec un intérêt tout particulier. Il levait les yeux de temps à autre, prenait une prise, puis il revenait aussitôt à sa lecture, et s’y absorbait complètement.

Au bout de quelque temps, — dix ou douze minutes, peut-être, — Raymundo mit la main dans la poche de son pantalon et me regarda.

— Sais-tu ce que je tiens ?

— Non.

— Une monnaie d’argent que maman m’a donnée.