Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/290

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— Aujourd’hui ?

— Non, le jour de ma fête.

— De l’argent pour de vrai ?

— Pour de vrai.

Il la tira lentement et me la fit voir de loin. C’était une monnaie à l’effigie du dernier roi, une monnaie de douze sous ou de deux testons, je ne me rappelle plus bien ; mais c’était une monnaie ; et cette monnaie me fit refluer le sang au cœur. Raymundo tourna vers moi son morne regard ; ensuite, il me demanda si je voulais qu’il me la donnât. Je lui répondis qu’il se moquait de moi ; il jura que non.

— Eh bien ! et toi ?…

— Maman m’en donnera une autre. Elle en a une quantité que grand’mère lui a laissé dans une boîte. Quelques-unes sont en or. La veux-tu ?

Pour toute réponse, j’étendis la main discrètement après avoir glissé un regard vers le bureau du maître. Raymundo retira la main et fit avec la bouche une grimace jaune, qui avait des prétentions au sourire. Ensuite, il me proposa une affaire, un échange de bons procédés, il me donnerait la monnaie, et je lui explique-