Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/303

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Apologue


Un jour, l’aiguille dit à la bobine de fil :

— En faites-vous des manières ; êtes-vous assez remplie de vous-même, toute pelotonnée, pour feindre que vous avez quelque importance dans ce bas monde.

— Je vous prie. Madame, de me laisser tranquille.

— De vous laisser tranquille… et pourquoi s’il vous plaît. Parce que je vous dis que vos grands airs sont insupportables ? En bien, je le répète, et je le répéterai chaque fois que l’envie m’en passera par la tête.

— Par la tête ? mais ma bonne dame, vous êtes une aiguille et non une épingle. Les aiguilles n’ont pas de tête. Qu’est-ce qu’il peut bien vous faire, mon air ! chacun a l’air que la Providence lui a donné. Mêlez-vous de vos af-