Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/304

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faires et ne vous occupez pas de la vie du prochain.

— Orgueilleuse !

— Oui, certes.

— Et pour quel motif ?

— Elle est bien bonne !… mais parce que je couds. Eh bien ! les vêtements et les passementeries de notre maîtresse, qui est-ce qui les coud, sinon moi ?

— Vous ! en avez-vous de l’audace ! C’est vous qui cousez. Vous semblez ignorer que si quelqu’un coud, c’est moi, et moi seule.

— Vous trouez l’étoffe, et rien de plus. C’est moi qui couds, qui unis les morceaux, et qui donne une apparence aux garnitures.

— Et puis après ? il n’en est pas moins vrai que je perce l’étoffe, frayant le chemin, vous traînant à ma remorque, et vous êtes bien obligée de me suivre et de m’obéir…

— Bah ! les piqueurs aussi marchent devant l’empereur.

— En ce cas, l’empereur, c’est vous.

— Je ne dis point cela. Je vous démontre simplement que vous jouez un rôle subalterne en me devançant. Votre rôle de guide est obscur et