Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Durant un ou deux mois, elle y subira une sorte d’exil. Et pendant ce temps, je me charge de remettre de l’ordre dans ses idées. Ça va ?

Conrado accepta. À peine dona Paula eut-elle sa parole qu’elle se leva et prit congé pour porter la bonne nouvelle à sa nièce. Conrado l’accompagna jusqu’à l’escalier. Ils se serrèrent la main ; et tout en retenant dans la sienne celle de l’avocat, dona Paula lui répétait ses conseils de douceur et de prudence. Après quoi, elle fit cette réflexion naturelle :

— Je parie que l’individu dont il s’agit ne mérite pas une minute d’attention.

— C’est un nommé Vasco Mario Portella.

Dona Paula pâlit. « Vasco Mario Portella ? un vieux, un ancien diplomate, qui… » Non, celui-là vivait en Europe depuis quelques années, et venait de recevoir le titre de baron. C’était un fils à lui, arrivé depuis peu, un fat… Dona Paula lâcha la main de l’avocat, et descendit rapidement. Dans le corridor, et durant quelques minutes, elle demeura tout émue, la main tremblante, rajustant sa mante sans que cela fût nullement nécessaire. Elle resta même à contempler le plancher, pensive. Elle sortit,