Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/320

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elle ne pensait pas un peu à ce qui se passait là-bas, au pied de la montagne. Venancinha répondit que non, — pas du tout, — et pour souligner sa réponse, elle l’accompagna d’une moue tombante des lèvres, saturée d’indifférence et de dédain. C’était vraiment vouloir trop prouver. Dona Paula avait l’habitude de ne point s’arrêter aux apparences, mais d’aller lentement en besogne. Elle savait lire entre les lignes : elle épelait syllabe par syllabe ; elle pénétrait jusqu’au fond des choses. — Et elle trouva le geste de sa nièce excessif.

— Ils s’aiment, pensa-t-elle.

Cette découverte fit revivre encore davantage l’âme du passé. Dona Paula s’efforça de secouer ces réminiscences importunes ; mais elles revenaient sans cesse, insidieusement ou par surprise, idées féminines, qui chantaient, riaient, faisaient les cent coups. Dona Paula revécut ses bals d’antan, ses interminables tours de valse devant lesquels on s’extasiait naguère, et les mazurkas, et les soirées de théâtre, et les billets doux, et vaguement aussi les baisers. Elle revêtait de ses oripeaux du passé les formes gracieuses de sa nièce, comme étant les plus